Kamouraska la nuit
- Marianne Drapeau
- 27 juil. 2020
- 1 min de lecture
L’horloge sonne un coup, le coup qui marque la première heure du matin. Dehors à l’intérieur des terres, l’atmosphère est chargée d’iode. Sur la peau colle une humidité fraîche et salée. La marée est basse à cette heure de la nuit. Le lit du fleuve est nu et il n'est personne pour le regarder. C’est une nuit sans lune, sans étoile, sans vent. Il exhale de son dos d’argile aqueux l’odeur du varech qui s’étend en des sillons d’algues orphelines abandonnées par l’eau sur la grève.

C’est comme être à la mer sans y être. Même l’écho de cette nuit sans rien est un écho habitué, un écho pareil à un souvenir où l’on entend le grondement des vagues, le roulement lointain des flots. C’est un mirage auditif par l’association de l’effluve à la chanson. Parce qu’on la sent on croit l’entendre, la mer…
Il y a un épais voile de brume sur les champs, la nature est endormie et si ce n’était que des papillons de nuit qui passent et repassent entre l’impression des mondes, il n’y aurait que moi pour assister au spectacle irréel de cet invisible parfum du fleuve.
© Kamouraska la Nuit, texte et photo de Marianne Drapeau



Commentaires